samedi 25 juillet 2015

Stat-up (3)

Coucou!

Voilà la fin de Start-up. Je ne sais pas trop ce qu'elle donne mais elle est là. Encore après une éclipse temporelle (car c'est plus simple de couper comme ça), vous retrouvez Estéban et d'autres personnages pour conclure cette nouvelle dans une troisième partie plus courte que les précédentes. 
Avant de vous laisser lire, j'aimerai vous dire que j’apprécierai que vous me donniez votre avis en commentaire (je ne mors pas) afin que je sache ce qui vous a plu/déplu, ce que vous en pensez, etc. 

Merci et bonne lecture!


Start-up (3)


***

Deux ans plus tard

***
Estéban posa une chemise pleine sur le bureau déjà surchargé. A côté de lui, Arthur leva la tête et gémit :
-                Encore ! mais ça ne s’arrêtera jamais ! notre précédent bureau était si grand que ça ?
-                C’est finit, la voiture est vide, les gars ! bienvenu dans nos locaux à nous ! s’écria Gaël en entrant dans la pièce.
-                On finit de ranger demain et on va boire un verre ? proposa Estéban en contemplant la petite pièce qui disparaissait sous les dossiers.
Il avait travaillé un an avec la tante de Gaël puis était retombé sur Arthur par un heureux hasard. Ils s’étaient revus régulièrement, professionnellement et amicalement, souvent en compagnie de Gaël. L’idée de fonder leur propre entreprise avaient doucement fait son œuvre et elle venait de se concrétiser. C’est le cœur joyeux que les trois hommes gagnèrent un bar proche.
Arthur leva son verre.
-                A notre « start-up » comme on dit. A notre projet. A nous trois.
-                A nos rencontres.
-                A nos choix.
Ils trinquèrent.
Le portable d’Arthur sonna discrètement. Il déverrouilla l’écran sous le regard moqueur de Gaël.
-                Un portable comme ça me suffit très bien, je ne vais pas claquer de l’argent dans un truc inutile, répondit celui-ci.
-                Mais tu avoueras qu’il fait quelque peu… dépassé, à l’heure des montres connectées.
-                C’est un choix, Gaël. Je n’ai pas envie de consommer pour consommer et d’être asservi et dépendant de toute cette technologie, c’est tout. Hé, Estéban ! c’est un message de Mélie !
-                Tu as le même numéro de portable depuis tes quinze ans, ou quoi ? s’étonna Gaël.
-                Ben oui. Je n’avais pas de raison de changer. Elle arrive demain. Elle rentre enfin, Estéban.
-                Un long voyage d’étude, n’est-ce pas ?

***

Ils s’assirent autour d’une petite table.
-                 Alors, qu’est-ce qui te fais rentrer au pays ? sourit Arthur.
-                Comment allez-vous ? quoi de neuf ?
-                On a notre propre entreprise, Mélie, ça y est ! et ton voyage, tu reviens d’où, là ?
-                Vous ne vous être pas fait greffés... demanda-t-elle suspicieuse.
-                Ce n’est pas la question, on est là pour parler de toi…
-                Répondez-moi !
L’adolescente joyeuse qu’ils avaient laissée dans un aéroport était loin. C’était une jeune femme aux traits déterminés, voir durs, qui se tenaient devant eux.
-                Non, mais ce n’est pas important, Mélie. Ce qui est important, c’est…
-                Tu es toujours contre les greffes, Estéban ? l’interrompit la jeune fille.
-                Oui, mais…
-          J’ai besoin de votre aide, coupa-t-elle de nouveau avant de rajouter en baissant la voix. Pour détruire les fabriques de greffes. j’ai besoin de votre aide. on n’a pas les fonds.
-                Qu’est-ce que tu veux faire, exactement ?
-                Faire sauter toutes ces usines de corps robotiques, leurs cliniques de déshumanisation et leurs saloperies d’ingénieurs qui s’enrichissent en nous volant nos corps.
-                Tu n’es pas sérieuse ! s’écria Estéban. Tu veux tuer des gens ?
-             Moins fort ! non, juste détruire les bureaux, ce genre de chose. empêcher toutes les greffes. ces erreurs technologiques doivent disparaitre de la surface de la Terre.
-              Et ceux qui en ont besoin pour des raisons médicales ?
-           On survivait bien avant. On doit bien sacrifier les plus faibles dans une guerre. Le plus important, c’est de détruire ces trucs.
-                Mélie ! comment peux-tu dire ça ! s’énerva Estéban. C’est de la vie de gens dont on parle, là ! si tu tues des gens de sang froid, tu es beaucoup moins humaine que ceux que tu condamnes.
-                C’est de leur faute. Ils ont fait ce que je suis. Ce que tu aurais pu être si tu n’avais pas était chanceux. Ce que sont des milliers de personnes. Des rejets de la société. Les derniers humains. Il faut qu’on résiste, qu’on s’organise, qu’on lutte ! on est en guerre, Estéban. En guerre contre ces tueurs. On est ces derniers humains, les survivants. Tu ne peux pas nous abandonner. Tu te souviens de ce que tu disais quand on était au lycée ? Cette génération de robots que nous produisons ? ce en quoi ils se transforment pour de l’argent ? tu ne peux pas nous laisser tomber. On doit se serrer les coudes. On doit tous s’unir pour les vaincre.
-                Arrête, Mélie ! si je ne suis pas greffé, c’est par choix ! il faut choisir ce que l’on veut être. Il ne faut pas s’opposer pour s’opposer, mais faire ce qu’il nous semble juste pour nous. On n’a pas le droit de décider pour les autres. Et… il hésita. Les greffes ne sont pas forcément une mauvaise chose. ce qui est mauvais, c’est le marché autour. Mais elles ont permis d’énormes progrès médicaux et sur l’électronique quantique.
-                Tu n’as pas le droit de nous abandonné ! ils ne nous ont pas donné le droit d’avoir la même vie que les autres, nous devons leur prouver que nous sommes les humains…
-                Arrête, Mélie ! dit durement Estéban. On n’est pas en guerre. On a le choix. Les greffes ne sont pas une évolution, mais une possibilité, un outil qu’il nous appartient d’explorer ou non. Je te conseille de partir d’ici. Nous n’avons plus rien à nous dire. Je ne gâcherais pas ma vie pour tes lubies et ton esprit étroit !
-                Tu me déçois, Estéban. Je te pensais plus fidèle que ça à ton idée. Où sont passés tes discours sur la nécessité de rester humain, sur l’avenir électronique qui nous attends ?
-                Ils sont restés dans la jeunesse, Mélie. C’était des bravades d’adolescent contre un monde que je ne comprenais pas. Je voulais être différent des autres, que ma famille soit fière de moi. J’ai grandi, Mélie. Je ne souhaite toujours pas être greffé, mais plus pour les mêmes raisons. Toi, tu es restée avec tes idées d’enfants, mais avec ta volonté d’adulte. Tu ne regardes pas correctement le problème. Tu te trompes, Mélie. On doit sensibiliser les gens aux différents aspects des greffes, les responsabiliser par rapport à ça, pas les tuer ! Il faut que tu sortes de ton délire, ça devient dangereux pour toi.
-                Arthur, dis quelque chose !
-                Il a raison, Mélie. Tu as viré fanatique. Il ne faut pas être totalement pour ou totalement contre les greffes, mais arriver à mesurer les conséquences et les implications de cette invention.
Mélie se leva et part sans un mot, en leur lançant juste un regard déçu. Un regard qui mit fin à leur amitié.
-                Je ne penserais pas qu’elle serait comme ça… murmura Estéban. Tu crois qu’elle est sérieuse avec ses histoires de guerre civile ?
-                J’espère que non.
-                Tu sais, je me dis que si je n’avais pas rencontré Gaël, j’aurais pu devenir comme elle. Prêt à déclencher une guerre contre les greffes. 
-                Mais ce n’est pas le cas, Estéban. C’est ce qui compte. Allez, viens, on a une start-up à mettre en route, nous !

***

Estéban entendit une explosion au loin. Son interlocuteur se tut avant de reprendre :
-                Et donc, vous pensez qu’un parc d’éolienne ici est utile ?
-                Tout à fait. D’après nos études…
Une seconde explosion, plus proche, puis une sirène se déclencha, emplissant le site. Le conseiller de GreffEntreprise se leva, soudainement plus inquiet.
-                M. Dupont, je vous prierais de me suivre, nous allons quitter les locaux le plus rapidement possible. Il est possible qu’il ne s’agisse que d’un entrainement, mais je vous demanderais tout de même la plus grande prudence.
-                Bien sûr.
Il attrapa sa veste et sa tablette qu’il replaça dans son porte-document avant de se diriger vers la sortie. Les deux hommes se mirent en route d’un pas rapide dans les couloirs, accompagnés par l’alarme.
D’autres explosions, plus ou moins éloignées couvraient par moment le son strident. Ils arrivaient dans la cour principale quand un mur près d’eux explosa.
Le plâtre fut projeté en une multitude de petites échardes à une vitesse impressionnantes vers les deux hommes, criblant leur corps, suivis par de plus gros morceaux.
Estéban se prit un bloc dans la poitrine, coupant sa respiration. Il entendit sa tablette éclater et sentit les morceaux de verre rejoindre les mitrailles de pierre dans son côté. De l’air sorti de ses poumons. Une grande douleur l’envahit, déchirant sa poitrine. Un voile noir prit place devant ses yeux et le silence s’installa autour de lui. Puis, il perdit connaissance.

***

Il ouvrit péniblement les yeux qui furent assaillis par une lumière blanche éclatante. Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes qu’il put distinguer la chambre d’hôpital autour de lui. Gaël dormait sur une chaise près de lui. Estéban profita du calme pour essayer de se rappeler ce qui l’avait conduit à être couché dans un lit. De ce qu’il se rappelait, il avait un rendez-vous avec GreffEntreprise pour envisager la mise en place d’un parc éolien sur le terrain, pour viser l’indépendance énergétique de l’usine et de la ville à proximité. Au cours de l’entretien, il avait entendu des explosions et avait du évacuer le bâtiment. Sûrement une attaque terroriste. Il avait été blessé, se souvint-il. Il baissa son regard sur son haut du corps : un pansement blanc parcourait le côté droit de sa poitrine et un bandage entourait son abdomen, une sorte de bandeau alvéolé et rigide entourait son torse.
-                Tu es réveillé ? 
Gaël se frottait les yeux en souriant. Il se leva et serra Estéban dans ses bras.
-                Je vais appeler le médecin.

***

-                M. Dupond, votre état de santé semble bon.
-                Excusez-moi, je peux vous poser une question ? il me semble me souvenir avoir reçu un bloc dans la poitrine…
-                Justement, j’allais y venir. Vous aviez la cage thoracique enfoncée et l’abdomen perforé de morceaux de verre et de plâtre. Concernant les soins que vous avez reçus, nous avons retiré les éclats. Par contre, un de vos poumons n’étaient plus en état de fonctionner, nous l’avons donc remplacé par une prothèse de GreffEntreprise. Vu que vous étiez inconscient, c’est votre ami ici présent et un autre de vos collègues qui ont prit la décision pour vous. Nous avons profité de l’opération pour replacer vos côtes et engager le processus de réparation. Vous devez vous ménager pendant trois semaines, autant pour vous habituer à la greffe que pour laisser vos côtes se ressouder. Nous nous reverrons à ce moment-là, mais compter déjà deux semaines supplémentaires de repos, M. Dupond.

***

Il était assis sur un banc, en bas de chez-lui et il réfléchissait. Il était greffé. Contre son grès, mais pour sa survie. Et ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il ne se sentait ni plus humain, ni moins humain qu’avant sa greffe.
Ce qui fait l’humanité, ce sont nos forces et nos faiblesses, c’est notre esprit et notre ingéniosité. C’est notre corps. Mais pas que. Avant d’interroger l’humanité des greffés, il faudrait s’interroger sur l’humanité de ceux qui commettent ce genre d’acte, pensa-t-il. Les greffes ne sont qu’un prétexte, comme l’ont été la plupart des inventions techniques dans leur temps.
Il entendit des pas s’arrêter devant lui :
-                Tu ne vas quand même pas rater le lancement du parc éolien de GreffEntreprise ?
-                Non, c’est bon, j’arrive.
Et il se leva en suivant Arthur.
Il allait à la concrétisation que, greffe ou non, on peut agir main dans la main. La réconciliation entre une entreprise de discriminés à l’embauche pour leur absence de greffes et une entreprise de fabrication de greffes technologiques. L’aboutissement de leur start-up.


End

Ange Lune

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