Ma première année à l'INSA se termine et c'est génial. Vraiment, je vous adore les gens.
Ceci étant dit, voici la raison de cet article: pour notre matière littéraire (Culture Science et Société ou CSS ou Culture Com'), nous avons dû écrire un texte argumentatif sur un thème abordé en cours. Ayant vu plusieurs fois en cours le tranhumanisme, j'ai voulu écrire sur un sujet s'en rapprochant et me tenant à coeur depuis longtemps.
Je me suis retrouvée avec un texte de 12 pages, argumentatif (je n'irai pas jusqu'à engagé, vu que j'ai l'impression d'être restée mesurée, mais oui, mon opinion se retrouve dans ce texte, pas dans tous les points de vue, ni forcément celui du personnage principal) et sûrement un peu caricatural et prévisible.Mais je l'aime pas mal, ce texte, et je voulais le partager avec vous.
Ce texte parle donc de technologie, d'emplois, d'amitié, de prise de position... Je reviendrais à la fin sur ce que vous en pensez, en réagissant sur vos commentaires.
Le texte est fini et complet. Il sera publié en trois parties (découpé par ellipse temporelles).
Snapchat ne m'appartient pas, les personnages sont, certes inspirés de ceux que je côtoie, fictionnels.
Je voulais attendre avant de poster que notre professeur est fini de le noter.
Voici le premier passage:
Start-up (1)
Un brouhaha incessant montait de la cour du Lycée,
les élèves naviguaient entre les divers groupes, formant des grappes mouvantes
d’amis et de connaissances, alors que les parents s’enquéraient des dernières
nouvelles en attendant l’ouverture des portes du grand amphithéâtre. Au milieu
de toute cette agitation, Estéban écoutait les conversations d’un air distrait,
attendant ses amis. Près de lui, deux femmes discutaient :
-
Tu es au courant ? Le nouvel œil biotech va
sortir, finalement !
-
C’est vrai ? Enfin ! Ils y ont ajoutés
l’extension CoCoTa, finalement ?
-
En option payante… Ma fille me harcèle déjà pour
que je la lui paye… Elle me soutient que c’est important pour ses études,
qu’elle va en avoir besoin pour trouver un travail. Que j’aurais son chômage
sur la conscience, si je refuse ! Quelle génération d’enfants gâtés !
rit la femme, avant de reprendre : mais en même temps, elle n’a pas tort.
Les employeurs regardent ce genre de détails et avoir toutes les
fonctionnalités l’avantagerait par rapport à ceux qui n’auront que la
génération précédente…
-
Et par rapport à ceux qui n’en ont pas !
rajouta la deuxième femme.
-
Ça existe encore, s’étonna la première, des gens
qui refusent la greffe technologique ?
-
Ou qui n’ont pas les moyens de l’obtenir. Et
malheureusement, oui, certains refusent encore l’avancée technologique. Ma
belle-sœur, par exemple, a les moyens grâce au travail de mon frère d’avoir une
puce et d’en équiper ses enfants, peut-être pas avec la dernière version, mais
tout de même ! Elle refuse tout en bloc ! Et mon frère qui la suit
sans rien dire. Qu’est-ce que je plains mes neveux ! Ils sont encore trop
jeunes pour vraiment s’en rendre compte, mais dans quelques années, comment
feront-ils ?
-
Pauvres enfants, compatit son interlocutrice.
Pourtant, l’Etat a bien mis en place des systèmes d’aide et d’informations,
non ?
-
Elle refuse de croire à cette propagande
marchande et ne cesse de répéter que nous ne sommes que des imbéciles à les
laisser s’emparer de notre corps, je ne t’explique pas l’ambiance aux repas de
famille…
-
Les laisser?
-
Les multinationales, les lobbies…
-
La théorie du complot, en soi ?
-
Hélas ! J’ai bien suggérer à mon cher frère
de l’emmener consulter, mais non seulement il ne m’écoute pas, mais en plus, il
la soutient, déclara-t-elle d’un air affligé.
Un
mouvement de foule entraina les deux femmes plus loin, laissant Estéban seul
avec ses pensées.
Depuis
plus de vingt ans, les améliorations du corps humain par la technologie étaient
devenues courantes, menées par trois grandes entreprises. La plupart des
personnes ayant les moyens possédaient au moins une greffe technologique. Une
nouvelle course dans laquelle l’humanité venait de se lancer, après celle du
plus beau château, de l’arme la plus performante, des gadgets plus innovants,
voilà venue l’ère de la modification du corps humain. Œil à réalité augmentée,
audition élargie, membres plus puissants, vieillesse ralentie… Les greffes et
opérations s’enchainaient dans les cliniques privées.
-
Estéban ! Nous voilà ! l’apostropha
une jeune fille en le rejoignant. Désolée, la voiture a eu du mal à démarrer,
et puis, il a fallu trouver une place. Tu ne nous attends pas depuis trop
longtemps ?
-
Ne t’inquiète pas, Lisa. On a encore le temps
avant la remise des diplômes.
-
A ce propos, tu as une idée sur qui aura la
bourse ? demanda un garçon en saluant le jeune homme.
-
Je ne sais pas trop… de toute façon, on verra
bien !
-
Je parie sur Estéban, personnellement, déclara
la deuxième fille de la bande qui venait d’arriver. Tu as fait une superbe
année, ils ne peuvent pas la décerner à quelqu’un d’autre.
-
Je ne pense pas, répondit l’intéressé, Arthur a
autant de chance que moi. Et je ne saurais pas trop quoi en faire.
-
Une greffe technologique ? proposa
immédiatement Lisa.
-
Non. Je n’en veux pas. Déjà, je n’en ai pas les
moyens, mais je n’en veux pas par la même occasion. J’ai dix-huit ans, j’ai un
corps qui marche, des capacités. Je veux réussir par moi-même, être embauché
pour mes compétences et non pas pour mes caractéristiques fournies par un
argent quelconque, contredit Estéban.
-
Et vous, que feriez-vous si vous receviez la
bourse ? demanda l’autre fille, atténuant la voix dure de son ami.
-
Je le mettrais de côté pour plus tard, je pense.
Et toi, toujours ton voyage autour du monde, Mélie ?
-
Tout-à-fait, Arthur. Mais je pense que, finalement,
je n’irai pas en Chine, mais plutôt en Alaska.
-
Je t’avais dit que la Chine ne devrait pas
figurer sur ton trajet, la taquina Arthur.
-
Pourquoi ? s’étonna Lisa.
-
Car c’est de là que vienne la plupart des
prothèses. Est-ce que tu sais comment elles sont fabriquées ? Par des
habitants d’Afrique ou d’Asie centrale ! on se croirait revenu au temps du
commerce triangulaire. Et qui délocalise pour une main d’œuvre à
bas-coût ? La Chine ! Ce n’est pas incroyable ? Alors qu’au
temps de nos grands-parents, c’est d’Europe qu’on délocalisait en Chine et
qu’on s’indignait des conditions de vie des Chinois, maintenant, ce sont eux
qui profitent et abusent des autres ! Comme s’ils n’avaient pas retenu la
leçon ! Et quand je pense que la plupart des ingénieurs formés ici, en
France, dans ce pays qui proteste contre cet esclavagisme moderne, vont
travailler là-bas.
Mélie
s’était échauffée au fur et à mesure de son discours, sous le regard amusé et
bienveillant d’Arthur et Estéban, alors que Lisa pâlissait quelque peu sous la
passion de son amie. Autour d’eux un espace vide s’agrandissait de minute en
minutes.
-
Je crois qu’il faut qu’on y aille, les portes
sont ouvertes depuis un moment, déjà. Et il n’y a presque plus personne. Ça
serait bête de louper la cérémonie alors qu’on en est les acteurs, fit
remarquer d’une voix tranquille Arthur.
Les
quatre amis se dirigèrent vers l’entrée de l’amphithéâtre.
***
-
Maintenant que tous nos élèves ont reçu leur
diplôme, nous pouvons passer à l’attribution de la bourse du méritant. Je
rappelle que cette bourse est une récompense accordée à l’élève jugé le plus
méritant par l’équipe enseignante. Elle lui permettra peut-être de réaliser un
rêve, de continuer à grandir, à apprendre et à nous rendre fier. Et
aujourd’hui, nous sommes fier de remettre la bourse du méritant à un jeune
garçon qui excelle dans toutes les matières, attentif et impliqué, à un avenir
prometteur. J’appelle Estéban Dupond à me rejoindre.
Un
tonnerre d’applaudissement roula dans l’amphithéâtre, enveloppant le jeune
homme qui descendait les marches. Derrière lui, Mélie siffla et Arthur éclata
de rire, sans qu’il les entende. Lui descendait les marches dans une sorte de
brouillard cotonneux. Les sons étaient assourdis et ne lui parvenaient qu’à
moitié. Le temps semblait se distordre à chaque pas. Au bout de quelques
minutes qui lui avaient semblées des heures, il arriva sur l’estrade.
-
Et voici Estéban Dupond à qui je vais remettre
ce chèque qu’il a mérité par son travail appliqué. Quelques mots à dire,
Estéban ?
Il
fut obligé de réagir lorsque le proviseur s’adressa à lui, ce proviseur qui
l’appelait devant la foule par son prénom et le félicitait, mais qui, durant
trois ans, l’avait méprisé pour son refus total des greffes technologiques par
conviction. Il se saisit du micro que l’homme lui tendait.
-
Je… commença-t-il en hésitant, je suis heureux
d’être là, parmi vous. je suis heureux d’avoir eu mon diplôme. Car mon diplôme
est ma principale source de joie. Pour la bourse ? Je n’ai pas encore
réalisé. Je suis touché par le fait qu’on est remarqué mon travail. Je voulais
remercier mes professeurs qui m’ont accompagné ces dernières années, et plus
particulièrement cette année, pour me conduire jusqu’à ce moment-là. Je voulais
aussi remercier mes amis et mes parents pour avoir été là dans les bons moments
comme dans les mauvais. Je vous souhaite à tous de faire ce que vous voulez
faire et d’être heureux.
Il
s’arrêta, légèrement gêné et retendit le micro au proviseur.
-
Et bien, merci, Estéban. Bonne continuation à
vous aussi.
Estéban
marqua une petite inclinaison de tête pour le saluer avant de quitter l’estrade
en faisant un petit signe de la main à la foule. Cette fois-ci, il entendit le
sifflement caractéristique de Mélie et sourit. Quand il fut engagé dans les
escaliers menant à sa place, le proviseur reprit :
-
Et je vous propose maintenant de retourner dans
la cour pour profiter du buffet.
***
La
journaliste baissa son appareil photo. Estéban cligna des yeux, ébloui par le
flash l’instant d’avant. Après avoir vérifié sa capture numérique et ranger
l’appareil, elle releva les yeux vers son interlocuteur en sortant une petite
tablette.
-
Merci beaucoup, Estéban. Peux-tu répondre à
quelques questions ? Ça ne sera pas long.
-
Heu… oui.
-
Parfait, viens par ici, on s’entendra mieux.
Elle
le guida vers un coin isolé de la cour et, armant son crayon tactile sur la
tablette, attaqua :
-
Estéban, peux-tu te présenter en quelques
mots ?
***
« L’élève ayant reçu la bourse du
méritant, hier soir, est Estéban Dupond, un charmant jeune homme de dix-huit
ans au caractère atypique, qui a accepté de répondre à nos questions avant de
prendre part à la fête organisée par ses camarades pour célébrer la fin de ce
cycle d’étude. Estéban a suivi un cursus scientifique et s’apprête à entrer
dans une classe préparatoire aux écoles d’ingénieures, mais il est resté
discret sur celles qu’il vise, par modestie sans aucun doute. Lorsqu’on insiste
un petit peu, il est facile de comprendre au fil du dialogue qu’il rêve d’une
école d’excellence pour pouvoir confronter ses capacités à des problèmes plus
complexes.
D’abord mal-à-l’aise sur la question de ses
greffes technologiques, il finit par nous avouer qu’il n’en possède pas. Quand
on lui demande ce qu’il souhaite faire avec cette bourse, il répond qu’il
préfère la garder pour plus tard au lieu de transformer un corps qui lui plait
tel qu’il est. En effet, on ne peut pas dire qu’Estéban ait été oublié par la
nature et c’est avec un sourire charmant qu’il ponctue cette phrase. Il rajoute
qu’il refuse de vendre son humanité: « ce qui fait que je suis humain,
c’est mes forces et mes faiblesses, mon corps et mon esprit. Comment peut-on
être humain sans savoir ce que ça fait d’être blessé ou de ne pas
réussir ? Comment peut-on aimer avec un cœur électronique ? En quoi
nous différencions-nous des robots si nous cédons notre chair pour du plastique
et du métal ? Par la pensée ? Mais les robots sont capables de penser
aujourd’hui ? Une pensée froide et mathématique, mais une pensée tout de
même. Quand nous auront remplacé nos neurones par des puces, nous aurons la
même. Nous serons plus performants, nous ne ferions plus d’erreurs de calculs,
mais nous serions que des robots. Je suis un humain, et je refuse de céder à
cet effet de mode ». Mais nous savons
tous que les greffes font parti de la vie de la jeunesse, et que, s’il tient
aujourd’hui un discours influencé par son environnement et la fierté, ce n’est
qu’un moyen de justifier une différence comme les enfants en ressentent le
besoin. Il faut savoir qu’Estéban vient d’une famille ayant une situation
financière difficile, et que ses grands-parents faisaient parti d’un mouvement
opposé à toutes innovations biotechnologiques, aujourd’hui dissout suite à des
soupçons d’attentats terroristes. Ce jeune homme se retrouve donc porte-parole
innocent des adultes qui l’entourent. Nous lui souhaitons d’ouvrir les yeux sur
les bienfaits des greffes technologiques.
Contrairement à l’opinion portée à son insu
par le jeune homme, les greffes technologiques n’ont pas pour vocation
d’enlever l’humanité. L’humanité n’est pas quelque chose que l’on peut enlever.
Il s’agit de l’ensemble des consciences des être humains. Et si elle a évoluée
depuis la préhistoire, elle stagne déjà depuis des siècles, limitée par notre
corps. Les greffes technologiques n’ont pour but que d’ouvrir de nouvelles
possibilités en aidant à surpasser ces barrières posées par notre physique. (…)»
Estéban
grogna quand son propre visage apparut au dessous de l’article de journal le
concernant. Mélie éclata de rire derrière lui en se redressant :
-
Alors, comme ça, tu n’as pas été oublié par la
nature ? Tu lui as tapé dans l’œil, à cette journaliste, ma parole !
-
Et c’est tout ce que tu retiens ? grommela
le jeune homme.
-
C’est tout ce qu’il y a à retenir, non ? A
part qu’elle ne sait pas retranscrire un dialogue et qu’elle est payée pour
faire de la propagande…
-
Au moins, tu as vu le massacre. Pour la plupart
des gens, je passe pour une victime de mon environnement familial qui m’a
enfoncé ces idées dans la tête.
-
En même temps, si tu avais grandi dans une
famille pour les greffes technologiques, tu n’aurais pas eu les discussions sur
ces greffes et tu n’aurais sûrement pas le même discours aujourd’hui.
-
Je sais… mais quelqu’un d’autre l’aurait eu et
j’aurais pu l’entendre. Mais on est ici et maintenant, et voilà comment toute
la population va me voir.
-
Bon courage, alors. Tu n’as pas fini d’en entendre
parler, de ton charme et de ton caractère atypique.
***
L’aéroport
était calme, quelques familles se saluaient sous le soleil levant. Parmi ces
gens réveillés aux aurores, un groupe de quatre amis se séparait difficilement
de l’un de ces membres.
-
Allez, je dois vraiment vous quitter, les
garçons.
-
Tu te sens vraiment prête pour faire ton voyage
autour du monde ?
-
Et oui ! Faut profiter de la vie tant qu’on
est jeune. Et de l’essence tant qu’il y en a, aussi.
Estéban
lui jeta un regard noir sur sa dernière phrase.
-
Ben quoi ? On a presque épuisé les
ressources mondiales, les restrictions d’énergie sont de plus en plus
courantes… Dans quelques années, on devra passer à une production locale et les
voyages comme celui que je veux faire ne sera plus possible.
-
Et tes études, Mélie ? s’inquiéta Lisa. Je
sais qu’on en a déjà parler, mais t’arrêter pour une durée indéfinie peut te
porter préjudice.
-
Mais c’est un voyage d’étude, Lisa !
-
Te balader sur toute la Terre ne rentre pas dans
ma vision du voyage d’étude, désolée.
-
Sauf que la plupart des pays que je voyage
présente un intérêt pour mon parcours professionnel : que ce soit des pays
développant l’indépendance énergétique, s’élevant contre les greffes
technologiques ou luttant contre le traitement du génome, j’ai prévu d’étudier
des cas réels, de me confronter à la réalité !
-
Si tu le dis, si tu le dis… Et tu ne sais
toujours pas quand tu reviens ?
-
Hm… quand j’aurais fini ? je ne sais pas,
quand je voudrais. Vous ne comprenez pas ? On a finit les études faciles
et tranquilles. On a finit d’être couverts par nos parents. on a finit d’être
des enfants. Maintenant, ce sont nos choix qui comptent. Nos choix qui vont
décider de notre vie future. Ce départ, c’est le moyen pour moi d’entamer
quelque chose de nouveau. De commencer vraiment à vivre ma vie, celle que j’ai choisie.
-
Le vol
pour la Suède est annoncée, les passagers sont priés de rejoindre expressément
la zone d’embarquement… les interrompit une voix synthétique.
-
Cette fois, je me sauve ! A moi l’aventure,
les gars !
-
A ton démarrage en beauté de la vie, Mélie,
déclara solennellement Arthur en levant sa bouteille d’eau.
Le
liquide emprisonna les rayons du soleil sortant de l’horizon, illuminant le
récipient de plastique, le faisant ressortir comme une torche. Mélie sourit.
Elle partait, mais elle gardait dans son cœur cette amitié comme un flambeau
pour la guider. Le départ était imminent.
-
My
life starts now, murmura-t-elle. And you, when does it start up?
L’avion
décolla dans un grondement de moteur. Elle était lancée.
Qu'en pensez-vous?
Bisous
AngeLune
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