dimanche 28 juin 2015

Nouvelle argumentative (Culture Science et Société): Start-up (1)

Bonjour tout le monde!

Ma première année à l'INSA se termine et c'est génial. Vraiment, je vous adore les gens. 
Ceci étant dit, voici la raison de cet article: pour notre matière littéraire (Culture Science et Société ou CSS ou Culture Com'), nous avons dû écrire un texte argumentatif sur un thème abordé en cours. Ayant vu plusieurs fois en cours le tranhumanisme, j'ai voulu écrire sur un sujet s'en rapprochant et me tenant à coeur depuis longtemps. 
Je me suis retrouvée avec un texte de 12 pages, argumentatif (je n'irai pas jusqu'à engagé, vu que j'ai l'impression d'être restée mesurée, mais oui, mon opinion se retrouve dans ce texte, pas dans tous les points de vue, ni forcément celui du personnage principal) et sûrement un peu caricatural et prévisible.Mais je l'aime pas mal, ce texte, et je voulais le partager avec vous. 
Ce texte parle donc de technologie, d'emplois, d'amitié, de prise de position... Je reviendrais à la fin sur ce que vous en pensez, en réagissant sur vos commentaires. 

Le texte est fini et complet. Il sera publié en trois parties (découpé par ellipse temporelles). 
Snapchat ne m'appartient pas, les personnages sont, certes inspirés de ceux que je côtoie, fictionnels. 
Je voulais attendre avant de poster que notre professeur est fini de le noter. 

Voici le premier passage: 



Start-up (1)


Un brouhaha incessant montait de la cour du Lycée, les élèves naviguaient entre les divers groupes, formant des grappes mouvantes d’amis et de connaissances, alors que les parents s’enquéraient des dernières nouvelles en attendant l’ouverture des portes du grand amphithéâtre. Au milieu de toute cette agitation, Estéban écoutait les conversations d’un air distrait, attendant ses amis. Près de lui, deux femmes discutaient :
-                Tu es au courant ? Le nouvel œil biotech va sortir, finalement !
-                C’est vrai ? Enfin ! Ils y ont ajoutés l’extension CoCoTa, finalement ?
-                En option payante… Ma fille me harcèle déjà pour que je la lui paye… Elle me soutient que c’est important pour ses études, qu’elle va en avoir besoin pour trouver un travail. Que j’aurais son chômage sur la conscience, si je refuse ! Quelle génération d’enfants gâtés ! rit la femme, avant de reprendre : mais en même temps, elle n’a pas tort. Les employeurs regardent ce genre de détails et avoir toutes les fonctionnalités l’avantagerait par rapport à ceux qui n’auront que la génération précédente…
-                Et par rapport à ceux qui n’en ont pas ! rajouta la deuxième femme.
-                Ça existe encore, s’étonna la première, des gens qui refusent la greffe technologique ?
-                Ou qui n’ont pas les moyens de l’obtenir. Et malheureusement, oui, certains refusent encore l’avancée technologique. Ma belle-sœur, par exemple, a les moyens grâce au travail de mon frère d’avoir une puce et d’en équiper ses enfants, peut-être pas avec la dernière version, mais tout de même ! Elle refuse tout en bloc ! Et mon frère qui la suit sans rien dire. Qu’est-ce que je plains mes neveux ! Ils sont encore trop jeunes pour vraiment s’en rendre compte, mais dans quelques années, comment feront-ils ?
-                Pauvres enfants, compatit son interlocutrice. Pourtant, l’Etat a bien mis en place des systèmes d’aide et d’informations, non ?
-                Elle refuse de croire à cette propagande marchande et ne cesse de répéter que nous ne sommes que des imbéciles à les laisser s’emparer de notre corps, je ne t’explique pas l’ambiance aux repas de famille…
-                Les laisser?
-                Les multinationales, les lobbies…
-                La théorie du complot, en soi ?
-                Hélas ! J’ai bien suggérer à mon cher frère de l’emmener consulter, mais non seulement il ne m’écoute pas, mais en plus, il la soutient, déclara-t-elle d’un air affligé.
Un mouvement de foule entraina les deux femmes plus loin, laissant Estéban seul avec ses pensées.

Depuis plus de vingt ans, les améliorations du corps humain par la technologie étaient devenues courantes, menées par trois grandes entreprises. La plupart des personnes ayant les moyens possédaient au moins une greffe technologique. Une nouvelle course dans laquelle l’humanité venait de se lancer, après celle du plus beau château, de l’arme la plus performante, des gadgets plus innovants, voilà venue l’ère de la modification du corps humain. Œil à réalité augmentée, audition élargie, membres plus puissants, vieillesse ralentie… Les greffes et opérations s’enchainaient dans les cliniques privées.

-                Estéban ! Nous voilà ! l’apostropha une jeune fille en le rejoignant. Désolée, la voiture a eu du mal à démarrer, et puis, il a fallu trouver une place. Tu ne nous attends pas depuis trop longtemps ?
-                Ne t’inquiète pas, Lisa. On a encore le temps avant la remise des diplômes.
-                A ce propos, tu as une idée sur qui aura la bourse ? demanda un garçon en saluant le jeune homme.
-                Je ne sais pas trop… de toute façon, on verra bien !
-                Je parie sur Estéban, personnellement, déclara la deuxième fille de la bande qui venait d’arriver. Tu as fait une superbe année, ils ne peuvent pas la décerner à quelqu’un d’autre.
-                Je ne pense pas, répondit l’intéressé, Arthur a autant de chance que moi. Et je ne saurais pas trop quoi en faire.
-                Une greffe technologique ? proposa immédiatement Lisa.
-                Non. Je n’en veux pas. Déjà, je n’en ai pas les moyens, mais je n’en veux pas par la même occasion. J’ai dix-huit ans, j’ai un corps qui marche, des capacités. Je veux réussir par moi-même, être embauché pour mes compétences et non pas pour mes caractéristiques fournies par un argent quelconque, contredit Estéban.
-                Et vous, que feriez-vous si vous receviez la bourse ? demanda l’autre fille, atténuant la voix dure de son ami.
-                Je le mettrais de côté pour plus tard, je pense. Et toi, toujours ton voyage autour du monde, Mélie ?
-                Tout-à-fait, Arthur. Mais je pense que, finalement, je n’irai pas en Chine, mais plutôt en Alaska.
-                Je t’avais dit que la Chine ne devrait pas figurer sur ton trajet, la taquina Arthur.
-                Pourquoi ? s’étonna Lisa.
-                Car c’est de là que vienne la plupart des prothèses. Est-ce que tu sais comment elles sont fabriquées ? Par des habitants d’Afrique ou d’Asie centrale ! on se croirait revenu au temps du commerce triangulaire. Et qui délocalise pour une main d’œuvre à bas-coût ? La Chine ! Ce n’est pas incroyable ? Alors qu’au temps de nos grands-parents, c’est d’Europe qu’on délocalisait en Chine et qu’on s’indignait des conditions de vie des Chinois, maintenant, ce sont eux qui profitent et abusent des autres ! Comme s’ils n’avaient pas retenu la leçon ! Et quand je pense que la plupart des ingénieurs formés ici, en France, dans ce pays qui proteste contre cet esclavagisme moderne, vont travailler là-bas.
Mélie s’était échauffée au fur et à mesure de son discours, sous le regard amusé et bienveillant d’Arthur et Estéban, alors que Lisa pâlissait quelque peu sous la passion de son amie. Autour d’eux un espace vide s’agrandissait de minute en minutes.
-                Je crois qu’il faut qu’on y aille, les portes sont ouvertes depuis un moment, déjà. Et il n’y a presque plus personne. Ça serait bête de louper la cérémonie alors qu’on en est les acteurs, fit remarquer d’une voix tranquille Arthur.
Les quatre amis se dirigèrent vers l’entrée de l’amphithéâtre.

***

-                Maintenant que tous nos élèves ont reçu leur diplôme, nous pouvons passer à l’attribution de la bourse du méritant. Je rappelle que cette bourse est une récompense accordée à l’élève jugé le plus méritant par l’équipe enseignante. Elle lui permettra peut-être de réaliser un rêve, de continuer à grandir, à apprendre et à nous rendre fier. Et aujourd’hui, nous sommes fier de remettre la bourse du méritant à un jeune garçon qui excelle dans toutes les matières, attentif et impliqué, à un avenir prometteur. J’appelle Estéban Dupond à me rejoindre.
Un tonnerre d’applaudissement roula dans l’amphithéâtre, enveloppant le jeune homme qui descendait les marches. Derrière lui, Mélie siffla et Arthur éclata de rire, sans qu’il les entende. Lui descendait les marches dans une sorte de brouillard cotonneux. Les sons étaient assourdis et ne lui parvenaient qu’à moitié. Le temps semblait se distordre à chaque pas. Au bout de quelques minutes qui lui avaient semblées des heures, il arriva sur l’estrade.
-                Et voici Estéban Dupond à qui je vais remettre ce chèque qu’il a mérité par son travail appliqué. Quelques mots à dire, Estéban ?
Il fut obligé de réagir lorsque le proviseur s’adressa à lui, ce proviseur qui l’appelait devant la foule par son prénom et le félicitait, mais qui, durant trois ans, l’avait méprisé pour son refus total des greffes technologiques par conviction. Il se saisit du micro que l’homme lui tendait.
-                Je… commença-t-il en hésitant, je suis heureux d’être là, parmi vous. je suis heureux d’avoir eu mon diplôme. Car mon diplôme est ma principale source de joie. Pour la bourse ? Je n’ai pas encore réalisé. Je suis touché par le fait qu’on est remarqué mon travail. Je voulais remercier mes professeurs qui m’ont accompagné ces dernières années, et plus particulièrement cette année, pour me conduire jusqu’à ce moment-là. Je voulais aussi remercier mes amis et mes parents pour avoir été là dans les bons moments comme dans les mauvais. Je vous souhaite à tous de faire ce que vous voulez faire et d’être heureux.
Il s’arrêta, légèrement gêné et retendit le micro au proviseur.
-                Et bien, merci, Estéban. Bonne continuation à vous aussi.
Estéban marqua une petite inclinaison de tête pour le saluer avant de quitter l’estrade en faisant un petit signe de la main à la foule. Cette fois-ci, il entendit le sifflement caractéristique de Mélie et sourit. Quand il fut engagé dans les escaliers menant à sa place, le proviseur reprit :
-                Et je vous propose maintenant de retourner dans la cour pour profiter du buffet.

***

La journaliste baissa son appareil photo. Estéban cligna des yeux, ébloui par le flash l’instant d’avant. Après avoir vérifié sa capture numérique et ranger l’appareil, elle releva les yeux vers son interlocuteur en sortant une petite tablette.
-                Merci beaucoup, Estéban. Peux-tu répondre à quelques questions ? Ça ne sera pas long.
-                Heu… oui.
-                Parfait, viens par ici, on s’entendra mieux.
Elle le guida vers un coin isolé de la cour et, armant son crayon tactile sur la tablette, attaqua :
-                Estéban, peux-tu te présenter en quelques mots ?

***

« L’élève ayant reçu la bourse du méritant, hier soir, est Estéban Dupond, un charmant jeune homme de dix-huit ans au caractère atypique, qui a accepté de répondre à nos questions avant de prendre part à la fête organisée par ses camarades pour célébrer la fin de ce cycle d’étude. Estéban a suivi un cursus scientifique et s’apprête à entrer dans une classe préparatoire aux écoles d’ingénieures, mais il est resté discret sur celles qu’il vise, par modestie sans aucun doute. Lorsqu’on insiste un petit peu, il est facile de comprendre au fil du dialogue qu’il rêve d’une école d’excellence pour pouvoir confronter ses capacités à des problèmes plus complexes.
D’abord mal-à-l’aise sur la question de ses greffes technologiques, il finit par nous avouer qu’il n’en possède pas. Quand on lui demande ce qu’il souhaite faire avec cette bourse, il répond qu’il préfère la garder pour plus tard au lieu de transformer un corps qui lui plait tel qu’il est. En effet, on ne peut pas dire qu’Estéban ait été oublié par la nature et c’est avec un sourire charmant qu’il ponctue cette phrase. Il rajoute qu’il refuse de vendre son humanité: « ce qui fait que je suis humain, c’est mes forces et mes faiblesses, mon corps et mon esprit. Comment peut-on être humain sans savoir ce que ça fait d’être blessé ou de ne pas réussir ? Comment peut-on aimer avec un cœur électronique ? En quoi nous différencions-nous des robots si nous cédons notre chair pour du plastique et du métal ? Par la pensée ? Mais les robots sont capables de penser aujourd’hui ? Une pensée froide et mathématique, mais une pensée tout de même. Quand nous auront remplacé nos neurones par des puces, nous aurons la même. Nous serons plus performants, nous ne ferions plus d’erreurs de calculs, mais nous serions que des robots. Je suis un humain, et je refuse de céder à cet effet de mode ». Mais nous savons tous que les greffes font parti de la vie de la jeunesse, et que, s’il tient aujourd’hui un discours influencé par son environnement et la fierté, ce n’est qu’un moyen de justifier une différence comme les enfants en ressentent le besoin. Il faut savoir qu’Estéban vient d’une famille ayant une situation financière difficile, et que ses grands-parents faisaient parti d’un mouvement opposé à toutes innovations biotechnologiques, aujourd’hui dissout suite à des soupçons d’attentats terroristes. Ce jeune homme se retrouve donc porte-parole innocent des adultes qui l’entourent. Nous lui souhaitons d’ouvrir les yeux sur les bienfaits des greffes technologiques.
Contrairement à l’opinion portée à son insu par le jeune homme, les greffes technologiques n’ont pas pour vocation d’enlever l’humanité. L’humanité n’est pas quelque chose que l’on peut enlever. Il s’agit de l’ensemble des consciences des être humains. Et si elle a évoluée depuis la préhistoire, elle stagne déjà depuis des siècles, limitée par notre corps. Les greffes technologiques n’ont pour but que d’ouvrir de nouvelles possibilités en aidant à surpasser ces barrières posées par notre physique. (…)» 
Estéban grogna quand son propre visage apparut au dessous de l’article de journal le concernant. Mélie éclata de rire derrière lui en se redressant :
-                Alors, comme ça, tu n’as pas été oublié par la nature ? Tu lui as tapé dans l’œil, à cette journaliste, ma parole !
-                Et c’est tout ce que tu retiens ? grommela le jeune homme.
-                C’est tout ce qu’il y a à retenir, non ? A part qu’elle ne sait pas retranscrire un dialogue et qu’elle est payée pour faire de la propagande…
-                Au moins, tu as vu le massacre. Pour la plupart des gens, je passe pour une victime de mon environnement familial qui m’a enfoncé ces idées dans la tête.
-                En même temps, si tu avais grandi dans une famille pour les greffes technologiques, tu n’aurais pas eu les discussions sur ces greffes et tu n’aurais sûrement pas le même discours aujourd’hui.
-                Je sais… mais quelqu’un d’autre l’aurait eu et j’aurais pu l’entendre. Mais on est ici et maintenant, et voilà comment toute la population va me voir.
-                Bon courage, alors. Tu n’as pas fini d’en entendre parler, de ton charme et de ton caractère atypique.

***

L’aéroport était calme, quelques familles se saluaient sous le soleil levant. Parmi ces gens réveillés aux aurores, un groupe de quatre amis se séparait difficilement de l’un de ces membres.
-                Allez, je dois vraiment vous quitter, les garçons.
-                Tu te sens vraiment prête pour faire ton voyage autour du monde ?
-                Et oui ! Faut profiter de la vie tant qu’on est jeune. Et de l’essence tant qu’il y en a, aussi.
Estéban lui jeta un regard noir sur sa dernière phrase.
-                Ben quoi ? On a presque épuisé les ressources mondiales, les restrictions d’énergie sont de plus en plus courantes… Dans quelques années, on devra passer à une production locale et les voyages comme celui que je veux faire ne sera plus possible.
-                Et tes études, Mélie ? s’inquiéta Lisa. Je sais qu’on en a déjà parler, mais t’arrêter pour une durée indéfinie peut te porter préjudice. 
-                Mais c’est un voyage d’étude, Lisa !
-                Te balader sur toute la Terre ne rentre pas dans ma vision du voyage d’étude, désolée.
-                Sauf que la plupart des pays que je voyage présente un intérêt pour mon parcours professionnel : que ce soit des pays développant l’indépendance énergétique, s’élevant contre les greffes technologiques ou luttant contre le traitement du génome, j’ai prévu d’étudier des cas réels, de me confronter à la réalité !
-                Si tu le dis, si tu le dis… Et tu ne sais toujours pas quand tu reviens ?
-                Hm… quand j’aurais fini ? je ne sais pas, quand je voudrais. Vous ne comprenez pas ? On a finit les études faciles et tranquilles. On a finit d’être couverts par nos parents. on a finit d’être des enfants. Maintenant, ce sont nos choix qui comptent. Nos choix qui vont décider de notre vie future. Ce départ, c’est le moyen pour moi d’entamer quelque chose de nouveau. De commencer vraiment à vivre ma vie, celle que j’ai choisie.
-                Le vol pour la Suède est annoncée, les passagers sont priés de rejoindre expressément la zone d’embarquement… les interrompit une voix synthétique.
-                Cette fois, je me sauve ! A moi l’aventure, les gars !
-                A ton démarrage en beauté de la vie, Mélie, déclara solennellement Arthur en levant sa bouteille d’eau.
Le liquide emprisonna les rayons du soleil sortant de l’horizon, illuminant le récipient de plastique, le faisant ressortir comme une torche. Mélie sourit. Elle partait, mais elle gardait dans son cœur cette amitié comme un flambeau pour la guider. Le départ était imminent.
-                My life starts now, murmura-t-elle. And you, when does it start up?

L’avion décolla dans un grondement de moteur. Elle était lancée. 

Qu'en pensez-vous?
Bisous 
AngeLune

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